Dr Thioly-Bensoussan

Dermatologue

Les cancers cutanés

Les cancers de la peau sont les plus fréquents des cancers. 100 000 nouveaux cas par an en France. Les cancers les plus fréquents et les moins graves sont les carcinomes baso-cellulaires. Ils touchent plus souvent des sujets à la peau claire surtout après des coups de soleil de l enfance : on les voit autour de 35 -50 ans et plus souvent après la soixantaine. Les mélanomes malins sont des cancers cutanés plus rares (6 à 8 000 nouveaux cas par an en France) mais plus graves ; ils peuvent guérir définitivement si le mélanome est diagnostiqué suffisamment tôt et le traitement mis en œuvre précocement.

Les carcinomes

L'exposition solaire aigues intermittentes et répétées surtout, les coups de soleil sont impliqués dans la formation de ce carcinome.

Les Carcinomes baso-cellulaires sont situés plutôt sur des zones d’exposition : sur le visage (nez, paupières, lèvres, joues, front, tempes), le cuir chevelu et le haut du tronc, mais ils peuvent se localiser sur d'autres zones du corps. Ils ont l'aspect d'un bouton en relief de couleur rouge ou rosée, d'une petite tache rouge ou blanche avec une bordure surélevée, ou encore d'une plaie qui ne cicatrise pas.

Dans tous les cas il faut se méfier d'un bouton, d'une croûte, d'une tache qui persiste et se modifie surtout chez des sujets ayant subit une exposition solaire importante, pendant plusieurs années (sujets à peau blanche ayant vécu dans les pays à fort ensoleillement, professions exposées à l’extérieur même quand il n y a pas de soleil ...)

Les patients qui ont déjà présenté un carcinome baso-cellulaire ont un risque accru d'en développer un autre. L'exposition au soleil et aux radiations ultraviolettes (ne pas oublier que les UVA traversent nuages, vent neige et intempéries) sont les facteurs de risques essentiels des carcinomes cutanés. Il faut donc interdire les bains de soleil sans protection SPF 50, éviter l'exposition solaire aux heures ou les radiations solaires sont les plus intenses (de 11 heures à 16 heures), appliquer une crème solaire protectrice (indice 40 au moins) à renouveler toutes les deux heures et après chaque bain, porter des vêtements protecteurs et un chapeau.

Il est important de détecter les cancers débutants et les lésions précancéreuses, car un traitement précoce permet d'assurer une guérison complète. Une inspection régulière de l'ensemble de la peau (auto-examen) permet de détecter rapidement une tache ou un petit bouton qui se modifie, une plaie ou une croûte qui persiste. Un examen de contrôle chez le dermatologue permet d'obtenir un diagnostic précis, et de réaliser si nécessaire l'analyse d'une lésion avec un petit prélèvement de peau ou biopsie. Les sujets à risques doivent prévoir des visites régulières chez le dermatologue.

Les kératoses actiniques sont des lésions précancéreuses sous la forme de petite tache rose rugueuse ou de petite croûte épaisse qui persiste, elles se localisent sur les zones exposées au soleil même passivement (tête, cou, avant-bras surtout et cuir chevelu chez les chauves). 30% des kératoses actiniques évoluent en carcinomes dans un temps variable, il est important de les diagnostiquer le plus tôt possible et les détruire avec du froid ou des crèmes appropriées

Le Traitement

Le traitement des carcinomes cutanés est le plus souvent chirurgical. Le dermatologue ou le chirurgien pratique l'exérèse de la lésion avec une marge de sécurité variable en fonction du type du carcinome et de son stade évolutif. L'analyse au microscope de la tumeur, après son ablation, permet de s'assurer qu'elle a été complètement retirée. On peut aussi selon le siège et le type de basocellulaire utiliser l'électrocoagulation, le laser C02, la cryothérapie (application d'azote liquide sous anesthésie locale), la radiothérapie, l'application d'une crème qui module l'immunité (imiquimod ou Aldara®).

Les kératoses précancéreuses (kératoses actiniques) peuvent être traitées par l'application d'azote, d'une crème à base de fluoro-uracile, par électrocoagulation, avec dermabrasion au laser C02, ou des peelings de moyenne profondeur nécessitant 8 jours de cicatrisation ou de photothérapie dynamique

. En l'absence de traitement, les carcinomes basocellulaires et épidermoïdes s'étendent localement et peuvent avoir une évolution destructrice. Le risque de localisation à distance (métastase) est presque inexistant pour les carcinomes baso-cellulaires. Les carcinomes basocellulaires ou épidermoïdes traités précocement guérissent définitivement dans plus de 90 % des cas. Après le traitement, une surveillance prolongée est nécessaire pour dépister une récidive et s'assurer qu'il n'y a pas d'autres lésions suspectes. Il est nécessaire de vérifier la peau dans sa totalité une ou 2 fois par an.

Les mélanomes malins

Le mélanome est un cancer cutané plus rare et plus grave. Il y a 8000 nouveaux cas de mélanomes diagnostiqués chaque année en France, (plus de 1000 décès/an). Dans la majorité des cas, on peut obtenir la guérison complète d'un mélanome si le traitement est mis en œuvre à un stade de début.

Il est nécessaire régulièrement ( surtout si on s’expose plusieurs fois au soleil dans l’année) de faire un bilan des grains de beauté chez le dermatologue afin d'évaluer et de surveiller ceux qui sont à risque surtout chez les sujets en ayant un grand nombre (généralement plus de 50), surtout si ces grains de beauté ont un aspect inhabituel (nævus atypique) et si il y a notion familiale soit de mélanome ou de grains de beauté multiples. Toute modification de couleur, de taille, de relief d'un grain de beauté doit être vérifiée (Se méfier d’une tache noire, plate et a bordure asymétrique)

Les 6 lettres A, B, C, D, E, F constituent un bon moyen mnémotechnique pour se rappeler des signes d'alerte.

Plusieurs des signes précédents, ne veut pas dire obligatoirement mélanome, mais seul un examen minutieux dermatologique à l’aide d’un dermatoscope sorte de « microscope de la peau « s'impose

Une inspection régulière de l'ensemble de votre peau par vous-même ou vos proches permet de détecter rapidement un grain de beauté qui se modifie et acquiert les caractères ABCDEF mentionnés. Un examen chez le dermatologue permet d'obtenir un diagnostic précis et de réaliser si nécessaire l'analyse d'une lésion douteuse. Les sujets à risques doivent prévoir des visites régulières chez le dermatologue. Le dermatologue peut suspecter un mélanome à son aspect et compléter son examen par une analyse au dermatoscope (microscope de surface).

La photographie macro du grain de beauté associe à la dermatoscopie permet de remarquer l’évolution a 3 mois.

S il y a un doute une biopsie suivie de son examen au microscope (examen histologique) est indispensable pour confirmer le diagnostic.

Soit on effectue une ablation totale, soit une biopsie partielle peut être réalisée. L'analyse histologique mesure l'épaisseur exacte de la lésion et permet de décider du traitement approprié

Les causes

L'exposition solaire excessive et passive (associée à des coups de soleil plus ou moins importants et nombreux et surtout de la petite enfance a l adolescence) est le facteur essentiel surtout chez les sujets phototype I (peau claire ou peaux de rousses) « brule toujours et bronze jamais »qui présentent de nombreux "grains de beautés".

Les patients à peau noire ou pigmentée, peuvent de façon exceptionnelle être atteints sur les paumes et les plantes des pieds.

Des facteurs génétiques (familiaux) jouent un rôle dans le développement du mélanome.

Au début, il s'agit d'une tache colorée de quelques millimètres qui comporte plusieurs couleurs de brun et/ou de noir. Cette tache est souvent asymétrique et comporte une bordure irrégulière. Le mélanome évolue et subit des modifications assez rapides dans sa taille, sa forme, ses contours et ses couleurs. D'autres signes, comme une modification de la surface, la présence d'une excroissance ou d'un nodule, une extension du pigment qui «bave» en bordure, un saignement (signe tardif qu'il ne faut pas attendre pour consulter) ou encore des démangeaisons peuvent parfois être observés.

Ce mélanome touche le plus souvent des sujets âgés de 40 à 50 ans - parfois beaucoup plus jeunes. Le mélanome superficiel extensif ou SSM se développe sur n'importe quelle zone du corps, mais plus souvent au niveau du dos chez les hommes et au niveau des membres inférieurs chez les femmes.

Le mélanome nodulaire (10 à 15 % des cas) forme une excroissance de chair de couleur brune ou noire; son évolution est plus rapide. Il faut y penser devant une excroissance qui se développe rapidement et forme une boule de couleur brune, parfois rosée, voire couleur de la peau normale.

(Y penser devant une « drôle de verrue » sur le pied)

Le traitement du mélanome fait appel à la chirurgie; le dermatologue ou le chirurgien pratique l'exérèse de la lésion avec une marge de sécurité variable en fonction de son épaisseur (mesurée lors de l'analyse initiale). L'analyse au microscope de la tumeur après son ablation permet de s'assurer qu'elle a été complètement retirée.

On peut avoir besoin selon certains protocoles de précaution de « reprendre la cicatrice à 5mm ou à 1 cm selon l’épaisseur de la tumeur à l’examen biopsique même si la première exérèse a été faite en totalité