Dr Thioly-Bensoussan

Dermatologue

La transpiration excessive ou hyperhydrose

L'hyperhydrose est la production excessive de sueur. Et ce peut être une disgrâce à la fois esthétique, psychologique et financière

La sueur est fabriquée (secrétée) par les glandes sudorales, les glandes eccrines et les glandes apocrines. Les glandes eccrines sont réparties sur l'ensemble du corps et localisées en plus grande abondance aux paumes des mains, aux plantes des pieds et aux aisselles (région axillaire). Les glandes apocrines prédominent dans les régions axillaires et génitales (prépuce, grandes lèvres et aréoles mammaires).

Les glandes eccrines jouent un rôle important dans la régulation thermique du corps. Sous le coup du stress ou de la chaleur, les glandes eccrines peuvent secréter jusqu'à 10 litres de sueur par jour. Les glandes apocrines fabriquent un liquide sans odeur qui se décompose sous l'influence de bactéries et acquiert alors une odeur désagréable et caractéristique.

Les causes

La plupart des hyperhidroses localisées aux aisselles, aux mains ou aux pieds sont essentielles c’est à dire sans cause réelle. En cas d'hyperhidrose généralisée ou d'hyperhidrose localisée dans une zone inhabituelle (autre que les paumes, les plantes ou les aisselles), il est indispensable de consulter le médecin pour en rechercher la cause, surtout si la transpiration excessive est survenue récemment.

L'hyperhidrose essentielle débute souvent à la puberté, culmine entre la troisième et la quatrième décennie et décroît ensuite avec l'âge. L'hyperhidrose palmo-plantaire (des pieds et des mains) prédomine chez les hommes. L'hyperhidrose est le plus souvent intermittente et majorée par le stress. Il se forme souvent un cercle vicieux, car la transpiration excessive des mains ou des aisselles est souvent embarrassante et génère un stress qui la majore. La sudation excessive est un problème esthétique et gênant qui peut devenir franchement handicapant, voire paralysant. En cas d'hyperhidrose axillaire, les vêtements humides se décolorent et les tissus se détériorent. L'hyperhidrose plantaire favorise la prolifération bactérienne et accélère la détérioration des chaussures. L'hyperhidrose des mains est la plus invalidante, le patient en éprouve une gêne sociale, il redoute de serrer les mains ou de toucher des papiers.

On en a remarqué au cours de sevrage en alcool, aux opiacés et à la cocaïne et au cours de certaines prises médicamenteuses (Antidépresseurs tricycliques, Acétaminophène, aspirine, bêtabloqueurs, Insuline, Mépéridine, Niacine, Physostigmnine, Pilocarpine, Tamoxifène...)

Hyperhydroses localisées : quelles possibilités thérapeutiques ?

Déodorants et antitranspirants

Présents sous forme de stick ou de spray, les déodorants et antitranspirants sont très souvent confondus alors que les mécanismes d'action des uns et des autres ainsi que les ingrédients actifs employés sont totalement différents. Les antitranspirants sont obligatoirement déodorants par manque de substrat à décomposer. Le chlorure d'aluminium hexahydraté est le traitement local de référence. Ce produit est commercialisé par plusieurs fabricants sous les noms de détranspirant, antitranspirant, déodorant de longue durée, sous forme de liquide ou de crème. Aux concentrations usuelles (10 à 20 %), les produits au chlorure d'aluminium (Etiaxil®, PM®, Dove®...) sont efficaces pour stopper une transpiration normale ou un peu excessive, mais impuissants pour les hyperhidroses gênantes. Ces produits sont irritants, ils doivent être utilisés sur des aisselles bien sèches et leur application doit être suspendue quelques jours en cas de brûlures ou d'irritations (fréquent).

. Son éventuelle toxicité par voie topique est liée à sa capacité de pénétration cutanée encore mal connue, mais estimée très faible. Son incidence dans la maladie d'Alzheimer n'a pas été prouvée. En revanche, les sels de zirconium sont considérés comme toxiques et sont sévèrement réglementés en Europe. Les problèmes posés par les déodorants sont les résistances bactériennes parfois induites par la présence d'antiseptiques (triclosan, acide usnique), mais également les dermatites axillaires dues au potentiel allergène des constituants de parfums et des huiles essentielles (isoeugénol, citronellal, lyral, aldéhyde cinnamique, etc.)

L'aluminium est-il susceptible de provoquer des maladies graves comme le cancer du sein ? Cela n’a pas été prouvé par des études scientifiques. Le promoteur de cette idée, est un chercheur ayant mis en évidence des taux de parabens élevé dans le tissu mammaire et est convaincu d'un rôle possible des déodorant dans le cancer du sein.

Ionophorèse

C'est le traitement de seconde intention des hyperhidroses palmo-plantaires modérées (après essai des préparations au chlorure d'aluminium concentrés); il nécessite un appareillage plus ou moins coûteux (de 200 à 1 000 €). Le traitement des aisselles est plus délicat. Le mécanisme par lequel l'ionophorèse améliore la sudation excessive est mal compris. Ce traitement utilise le courant électrique à des fins thérapeutiques. On fait passer un courant électrique dans des bacs remplis d'eau dans lesquels on trempe les mains et/ou les pieds à traiter. Les protocoles de traitements sont à individualiser en fonction de l'appareil et de chaque patient. Le traitement débute en général par trois à cinq séances de 10 minutes par semaine, jusqu'à l'obtention d'un résultat satisfaisant. Des séances d'entretien doivent être ensuite réalisées deux à trois fois par semaine. Ce traitement est sans danger (lorsqu'il est bien utilisé), efficace et bien toléré. Il vaut mieux essayer cette thérapeutique chez un praticien (dermatologue, kinésithérapeute) avant d'acheter un appareil coûteux. Par ailleurs, la réalisation du traitement est délicate et nécessite un apprentissage pour éviter les complications (brûlures).

La toxine botulique : Botox

La toxine botulique de type A est un traitement rapide, sans danger et très efficace des hyperhidroses axillaires qui ne répondent pas au chlorure d'aluminium. L'intérêt de la toxine botulique de type A dans le traitement de la transpiration excessive a été évoqué dès 1994. Aujourd'hui, les revues scientifiques confirment son intérêt. Néanmoins, le coût du produit (250 à 300 € par flacon de 100 unités et il en faut 1 pour chaque aisselle), auquel s'ajoutent les honoraires du praticien, en limite l'utilisation mais c est un traitement remarquable qui permet un repos de 9 à 11 mois. Le traitement par Botox est contre-indiqué chez les patients qui présentent une myasthénie, qui prennent certains antibiotiques (aminosides), chez les femmes enceintes ou qui allaitent. Le Botox® a obtenu très récemment l'autorisation de mise sur le marché de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSAPS) dans cette indication.

Le traitement par Botox est surtout intéressant pour les hyperhidroses des aisselles. Le médecin réalise en général 10 injections par aisselle. Ces injections sont peu douloureuses, car l'aiguille est extrêmement fine et la piqûre superficielle. Les patients sensibles peuvent bénéficier d'une anesthésie locale par crème EMLA. L'effet se fait sentir 8 à 15 jours après les injections, et augmente pour atteindre son maximum après un mois. La durée d'action varie en fonction de chaque patient, de la concentration de toxine et de la dose totale injectée. (On peut dire de 7 à 11 mois) Les injections de toxine botulique sont efficaces pour les mains ou les pieds, mais posent des problèmes qui rendent leur utilisation difficile. La douleur des injections rend nécessaire des anesthésies délicates qui doivent se faire en clinique et majorent le coût du traitement, déjà élevé. La surface à traiter implique des doses importantes qui rendent le prix dissuasif. Le traitement provoque ensuite fréquemment une faiblesse musculaire qui peut être gênante.

Interventions chirurgicales : qu'en penser ?

Excision chirurgicale des glandes sudorales eccrines des aisselles

C'était avant l’usage de la toxine botulinique, une solution simple, efficace, définitive mais pas toujours sans rançon cicatricielle pour le traitement des hyperhidroses invalidantes des aisselles qui ne répondaient pas aux traitements médicaux. Le chirurgien retire une large portion de la peau des aisselles avec les glandes apocrines sous-jacentes. Une grande cicatrice en Z persiste ensuite définitivement. Les techniques qui n'enlèvent pas la peau sont moins efficaces (liposuccion, ablation des tissus sous la peau). Beaucoup de patients préfèrent des injections même répétées tous les ans qu’une intervention chirurgicale

Sympathectomie endoscopique transthoracique

Cette opération peut être envisagée dans les hyperhidroses palmaires très invalidantes qui ne sont pas améliorées par les traitements médicaux. Les résultats sont permanents, mais il existe des complications et des effets secondaires). Les effets secondaires comportent surtout une hyperhidrose compensatrice (thorax, dos, cuisses) qui survient chez un patient sur trois de manière imprévisible; elle peut être minime, un peu gênante ou très invalidante